La voiture et les vacances

Voyage en voiture

La voiture est incontournable lorsque l’on vit à la campagne et pour l’avenir des vacances en camping, en gîte et chambre d’hôte ou pour la petite hôtellerie rurale. Pourtant, on constate de moins en moins de ventes de voitures neuves, un âge de plus en plus avancé pour les acheteurs de véhicules neufs et des jeunes générations qui se détournent de l’auto. Développer de nouvelles mobilités locales s’impose dans les zones rurales.

L’Observatoire Cetelem 2023 prend le pouls du monde automobile depuis sa création en 1985. Ses études de références sont conduites sur l’automobile dans 18 pays à l’échelle mondiale et sur la consommation dans 17 pays européens.

Et si l’âge d’or de l’automobile, en termes de ventes, était derrière nous ? La courbe des ventes de véhicules neufs à l’échelle mondiale a plafonné en 2017 avec 70 millions d’unités vendues. Le rebond enregistré après la pandémie ne peut cacher une baisse tendancielle.  En 2023, environ 60 millions de véhicules particuliers et neufs ont été vendus dans le monde, soit le même niveau qu’en 2012.

De prix à la hausse

Si les volumes sont à la baisse, il n’en va pas de même pour les prix des voitures neuves. Une hausse régulière est constatée depuis 10 ans : +10% en Chine, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, pour +7% en France et +9% en Allemagne. Le prix moyen s’établit à 16 712 euros en Europe (16 553 euros en France pour plus de 20 000 euros en Allemagne, Norvège, pays de la voiture électrique et aux Etats-Unis). Acheter un véhicule suppose des sacrifices pour beaucoup d’automobilistes. Mesuré par le ratio entre le prix d’une voiture et les revenus moyens annuels, le taux d’effort apparaît souvent proche et supérieur à 1 pour certains pays, soit un an de revenu intégral. En France, ce taux est à 73%, en Belgique il est à 78%, aux Pays-Bas à 64%, mais au Royaume-Uni, il monte à 96%.

Une tendance au renoncement chez les plus jeunes

Cependant, les automobilistes ne sont pas prêts à renoncer. Pour trois-quarts d’entre eux il est impossible ou presque de renoncer à la possession d’un véhicule. Les plus attachés en Europe vivent aux Pays-Bas, en Autriche, en Belgique. Nous notons que ces pays ne sont pas parmi les plus grands d’Europe et les moins nantis en transports ferroviaires.

77% des ruraux sont plus attachés (et dépendants certainement) à leur auto que les urbains (70%). L’âge crée une différence : 34% des moins de 35 ans seraient prêts à ne plus posséder de voiture contre seulement 26% des plus de 35 ans. En Allemagne et en Norvège, ils sont 1 sur 2 à se projeter dans cette perspective pour 4 sur 10 en France des moins de 35 ans.

L’usage, un vrai budget que l’on comprime

Une voiture coûte également cher à l’usage. Mais surtout, ce dernier coûte de plus en plus cher. 8 sur 10 le pensent. C’est aux Etats-Unis, en Autriche et en Norvège que le poste automobile est à son plus haut niveau à plus de 2000 euros par an.  Les Français consacrent 7,7% de leur budget à l’automobile. La moyenne européenne est à 1692 euros. Plus de 6 personnes sur 10 indiquent avoir renoncé à se déplacer en raison du coût induit. La France se situe à 62%, la Belgique à 52%, l’Allemagne à 45%, comme les Pays-Bas. On constate donc des freins sensibles au déplacement. 70% des utilisateurs trouvent que le prix du carburant en est un. Les experts de cette étude ont calculé que dans le cas français, une augmentation de 1 euro par litre de diesel conduit à court terme à 1000 km parcourus en moins chaque année. Si le budget mensuel moyen est de 145 euros pour le carburant, celui-ci évolue entre 153 euros en Allemagne, 165 euros en Belgique, 145 euros en France, 141 aux Pays-Bas, mais seulement 124 euros au Royaume-Uni.

La première réaction pour réaliser des économies consiste donc à moins rouler. Faut-il y voir une corrélation entre l’augmentation de la performance du tourisme dans les régions du Nord-Ouest depuis plusieurs années, plus proches de grands bassins de population français, belges, britanniques et néerlandais ?

Mais les économies concernent aussi d’autres frais : par exemple, les Français évoquent le fait de réduire le recours aux axes payants, à 37%, pour une moyenne européenne à 20% sur le sujet. Idem, pour les parkings payants, ils sont 30% à les éviter pour 26% en Europe. Sur ce point, ils sont dépassés par les Belges à 35% et les Néerlandais à 34%. Un automobiliste sur 2 attend que les pouvoirs publics agissent pour limiter le coût des carburants.

44% des Européens recourent à l’auto pour leurs vacances

Plus le pays est grand, plus on roule. Si le nombre de km moyen est de 13 600 par an, les grands pays du panel tels que le Brésil, la Turquie, la Chine et le Mexique sont ceux où l’on fait le plus de km. 13 600 en moyenne en Allemagne, 12 400 en France, pourtant le pays le plus grand d’Europe de l’Ouest pour 12 900 aux Pays-Bas (les longues distances des vacances), mais fait curieux 14 150 km par en an en Italie, pays d’une moindre superficie que la France.

L’autopartage et le covoiturage séduisent 11% des automobilistes. A l’échelle mondiale, l’usage de l’auto est inconditionnel à 56% pour les espaces ruraux pour 35% pour les habitants des villes. En France, le ratio est quasi du simple au double : 64% contre 36%. Il est vrai que la densité de population française traduit un peuplement étalé spatialement. Partir en vacances en auto est encore le fait de 44% des Européens et de 52% des Français. Les mobilités douces, qui connaissent un vrai engouement, ne riment pas encore avec la ruralité. Pour le futur, 60% des personnes interrogées craignent de ne plus pouvoir utiliser un véhicule à l’avenir. Les avis sont assez proches d’un pays européen à l’autre.

Des propriétaires plus vieux

D’autres signes doivent alerter sur les modifications à venir dans l’industrie touristique habituée aux arrivées de clients en auto. L’âge moyen des acheteurs de véhicules neufs était de 44 ans en France en 1990 pour 55 ans aujourd’hui. Il est en moyenne à 53 ans pour l’Europe. On note donc un vieillissement qui repose sur la moindre nécessité pour la jeunesse urbaine de posséder une voiture pour un usage quotidien. L’anticipation d’un quotidien sans voiture a déjà commencé : un abandon s’opère dans de nombreux pays : 42% en Europe pour 33% en France. Tout cela s’inscrit dans le contexte européen du tout électrique à brève échéance.  Mais 7 personnes sur 10 hésitent à franchir le pas en raison d’un coût trop élevé. Le niveau d’équipement des voitures électriques ou hybrides est de 10% dans le monde et en Europe, pour 9% en France. Au regard de l’évolution de la réglementation européenne et française en la matière, ces taux vont rapidement et fortement évoluer. La prise en compte de l’équipement de recharge est indispensable partout et en particulier dans les hébergements touristiques isolés : hameaux de gîtes ou villages ruraux, campings, hôtels de campagne.

En conclusion, le changement générationnel sera accompagné d’un changement comportemental à l’égard de la voiture. Les métropolitains se détachent progressivement de l’automobile, cela va poser de nombreuses questions en matière d’arrivées de publics dans des régions non desservies par les trains.

Petits campings : un vrai savoir-faire

Malmenés depuis quelques années, les petits campings retrouvent l’intérêt des consommateurs. Les éditeurs de guides et les portails spécialisés redécouvrent ces terrains familiaux et ruraux. La sobriété tant appelée pour contrer le changement climatique et le retour de l’inflation, mettent sous les projecteurs ces campings assurant des prestations simples.

Bien des campings municipaux et parmi les plus petits campings privés, ceux de moins de 115 emplacements, la moyenne française, ont connu des difficultés ces dernières années. Fermetures, transformations en aires de stationnement pour camping-cars, réaffectations d’usage ont caractérisé un certain nombre de ces sites. Beaucoup ont souffert de la crise du covid. Si le format camping-club s’imposait depuis deux décennies, le secteur familial de petites dimensions ne pouvait rivaliser avec les investissements à consentir pour rester dans la course. Des petits campings ont cependant conservé leur clientèle. Certains professionnels entreprenants, comme ceux du réseau La Via Natura, ont pris le parti de se réunir pour mieux valoriser leurs atouts.

Désormais, les petits campings et les terrains adossés à une ferme connaissent un regain d’intérêt notoire. Nous parlons ici principalement des terrains proposant moins de 50 emplacements. Ils sont près de 2400 dans ce cas en France. Cet engouement n’est pas que français, on le constate également dans les autres pays européens. Comment expliquer ce retournement de situation ?

Du côté des campeurs

Plusieurs facteurs s’entremêlent. Mais il nous semble que la raison la plus évidente relève du besoin de prestations simples à des tarifs abordables. Ce point est renforcé par l’inflation que nous connaissons sur le continent européen. Cette quête de simplicité est couplée à l’évolution de la société vers une nouvelle sobriété. Les comportements tiennent de plus en plus compte des impacts de notre mode de vie sur la planète. Moins consommer ou le faire de manière moins obligée, et aussi moins ostentatoire, si possible en circuit court, dirige les motivations des nouvelles générations. Pour rappel, les premiers créateurs de campings étaient souvent des agriculteurs en recherche de diversification.

Voici quelques éléments d’explication :

  • Des tarifs abordables qui laissent du pouvoir d’achat pour les activités, la restauration, le bar…
  • Des tarifs en harmonie avec l’idée que l’on se fait du camping et tel qu’on l’a pratiqué dans le passé 
  • Un espace plus grand, tant au niveau du camping, souvent situé en pleine nature, qu’au regard de la surface des emplacements
  • Des prestations réduites car en camping, on peut apprécier un certain dénuement, c’est d’ailleurs l’un des fondamentaux de la pratique
  • Une moindre fréquentation que dans un camping-club, génératrice de relations humaines plus immédiates avec l’équipe du camping et les autres campeurs
  • Un accès facilité à la nature, à l’agriculture, à l’élevage, aux animaux, cela motive beaucoup les familles ayant de jeunes enfants
  • Une plus grande liberté d’évolution en raison d’une moindre fréquentation et d’un engagement moins contraignant en matière de conditions de réservation
  • Une ambiance paisible, un sommeil retrouvé
  • Une déconnexion digitale en opposition à la couverture et aux propositions du monde urbain

Du côté des professionnels

Ce mouvement en faveur des petits campings est constaté en France, mais aussi aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni. Acsi réunit ainsi 1892 campings européens sous la mention avenante « petits campings sympathiques ». Un rapide survol des propositions unit cette sélection : les photos présentent des campings insérés dans un environnement vert, aéré, spacieux et soigné. Pour sa part, le site britannique Campsited évoque des « bénéfices » concrets comme un retour à l’enfance, un vrai amusement pour les enfants, une capacité accrue à nouer des relations et un sommeil réparateur. Toujours au Royaume-Uni, Campsites.co.uk a listé 1708 petits campings britanniques dans lequel s’épanouir. Là aussi, les champs tutoient le ciel.

Pour sa part, Rustiek Kamperen aux Pays-Bas évoque les avantages d’un séjour à la ferme et des rencontres merveilleuses avec l’univers agricole. De même que l’initiative SVR qui rapproche campeurs et fermiers. Cette initiative, organisée en fondation, réunit 2000 propriétaires de campings en Europe qui y adhèrent de manière gratuite. 150 000 sociétaires, donateurs, participent à SVR. Voilà une manière astucieuse de rapprocher des offres et un public disposant des mêmes motivations.

En France, les initiatives se sont multipliées ces derniers temps, nous en avons régulièrement parlé dans ces colonnes. Intéressante est l’explication du site web Rural Camping France qui prend une adhésion des campings : « un camping doit proposer au moins 50% de sa capacité en emplacements nus ou tentes équipées ». Dans le cas présent, le nombre d’étoiles n’est pas un facteur discriminant. D’ailleurs, de nombreux petits campings ne sont pas classés, aussi ils ne peuvent appliquer la TVA à taux réduit (10% contre le taux normal à 20%).

Comment procéder ?

Alors, que faut-il faire si l’on dirige un petit camping ? En premier lieu communiquer de manière étayée, avec des preuves, sur les qualités de son camping en les traduisant en bénéfices pour les publics que l’on vise. Les arguments seront différents selon que l’on privilégie des seniors sensibles à la tranquillité ou des familles heureuses de la proximité avec la nature. Mais tous apprécieront l’excellence du rapport qualité-prix. En second point, bien maîtriser le triangle composé de la capacité d’accueil, du temps de travail et des prix des prestations. Et Emotio Tourisme dispose d’un vrai savoir-faire sur le sujet avec plusieurs dizaines de campings accompagnés dans son histoire.