Le camping, bien plus qu’un hébergement
Alors que l’hôtellerie de plein air a le vent en poupe depuis des années, elle s’organise désormais en trois grands ensembles : les campings insérés dans un groupe industriel, les indépendants adaptés au marché et un segment de campings en situation plus fragile, notamment des campings municipaux n’ayant pas bénéficié d’investissements importants. Beaucoup de ces derniers sortent du secteur et, soit ferment, soit deviennent des aires de services pour camping-car.
Le camping a une bonne image auprès des Français. Il demeure un hébergement populaire et abordable. Il est apprécié par un public plus jeune que la moyenne de la société française. Il réunit 34% des Français dont 13% qui le pratiquent tous les ans. Pour ses adeptes, le camping est bien plus qu’un hébergement. 82% des participants ont une bonne image du camping contre 18% qui en ont une mauvaise. Dans les avis tranchés, on note que 18% ont une très bonne image contre 2% qui en ont une très mauvaise. Parmi les 18% qui ont une très bonne image du camping, 28% des répondants annoncent la présence d’enfants dans leur foyer (14% non), 55% ont entre 18 et 34 ans, 25% sont identifiés dans une catégorie modeste (22% en catégorie pauvre et 18% en catégorie moyenne inférieure, soit un total de 65% disposant de revenus modestes à moyens). Cela interroge sur la performance du camping dans la cible des Français ayant à la fois une bonne image du camping et étant insérés dans les catégories sociales aisée et moyenne supérieure, alors que l’HPA devient de plus en plus locative et chère en haute saison. La question du positionnement de l’offre y est stratégique.
Resort-destination
Au regard d’études clientèles plus anciennes, nous constatons un glissement progressif vers la notion de micro-destination ou de resort-destination : le camping est un ensemble et pas seulement un mode d’hébergement. Son offre intégrant l’hébergement, les équipements de loisirs, les services et les activités en fait un point de destination complet. C’est ainsi que chez Emotio Tourisme nous accompagnons depuis toujours le développement de campings. La question du positionnement marketing (aménagements, équipements, la question du paysage avec notre ami paysagiste Matthieu Zago, services, politique tarifaire et ciblage des publics…) est centrale.
Commandée par la FNHPA, l’étude IFOP 2023 a été conduite entre le 15 et le 20 mars 2023 auprès d’un échantillon représentatif de la population française, composé de 1503 personnes. Fait intéressant, un tiers des personnes a affirmé avoir séjourné en camping au cours des trois dernières années, ce qui permet d’avoir une base d’appréciations solides sur la réalité du camping d’aujourd’hui en France.
Convivial et écologique
On remarque une certaine stabilité avec les études précédentes d’avril 2013 et de mars 2020 et une franche adhésion avec des accords dépassant les 70% sur des questions de caractérisation connue du camping. Parmi ces questions :
- Le camping est un mode de vacances convivial : 31% des Français sont tout à fait d’accord, 58% plutôt d’accord, soit 89% d’accord
- Le camping participe à la mixité sociale, un accord général à 77% est relevé
- Le camping est un mode de vacances écologique qui permet de se rapprocher de la nature (question récente) : 76% des Français sont d’accord
Parmi les principales motivations d’un séjour en camping, le rapport qualité-prix l’emporte largement à 61%. Ce taux n’était que de 49% en 2020, année de reprise après le covid. Mais ce taux de 61% n’est que de 48% pour les Franciliens. La proximité de la nature à 37% progresse fortement depuis la précédente enquête de 2020 (18%). La convivialité est au même niveau à 37% alors que les équipements de loisirs sont toujours un moteur fort à 35% et plus encore si le foyer a des enfants (48%). Si le « tout compris » (hébergements, activités) n’atteint que 15%, il apparaît à 21% pour les campeurs issus des catégories populaires.
34% de fidèles
Parmi les répondants, 34% ont annoncé avoir campé au cours des trois dernières années. L’hôtellerie de plein air dispose donc d’un socle solide de clients français. Cependant il reste des parts de marchés à gagner puisque 66% des Français n’ont pas pratiqué le camping dans une période récente. L’analyse de la fréquence des séjours en camping traduit le fait que 13% des Français font du camping tous les ans ou presque. A 68% ces campeurs sont actifs et 43% sont issus de catégories populaires, avec une sur-représentation des habitants des régions (84%) contre seulement 16% pour ceux de l’Ile de France. Les campeurs français sont donc majoritairement des provinciaux et l’on note qu’ils sont à 30% originaires du Nord-Est et à 29% du Nord-Ouest de la France. Voilà qui en dit long sur les bassins émetteurs.
Par rapport à la société française, le profil du campeur est plus jeune : 35% ont moins de 35 ans contre 25% en moyenne de la population. A l’inverse, on trouve beaucoup moins de campeurs de plus de 65 ans (15%) que leur part dans la population qui se situe à 25%.
Parmi les affirmations relatives aux aspects budgétaires, 97% des personnes qui ont déjà pratiqué le camping au cours des trois dernières années et qui ont choisi le rapport qualité-prix comme principale motivation, soit 21% de l’échantillon, se déclarent d’accord avec la phrase suivante : « la diversité de l’offre de campings vous permet facilement de trouver une offre adaptée à votre budget ».
Motivation budgétaire
D’autres phrases confirment la bonne position du camping sur ces aspects budgétaires auprès de ce public connaisseur, ce qui laisse supposer qu’il y a un travail d’information à conduire sur ce thème pour les autres composantes de la société. Ainsi, 89% apprécient de pouvoir partir en tribu à un prix raisonnable, 87% estiment qu’ils peuvent mieux maîtriser leurs dépenses, 87% considèrent le camping moins cher que d’autres modes d’hébergement. Dans le contexte actuel marqué par l’inflation, 86% pensent que le camping leur permet de partir en vacances malgré la baisse de leur pouvoir d’achat.
La part des campeurs ayant pratiqué au cours des trois dernières années, soit 34% de l’échantillon et recourant à son propre matériel, diminue tendanciellement. Elle n’est plus que de 30% en mars 2023 pour 55% en avril 2013. A l’inverse la location d’un hébergement sur place a fortement augmenté. Il s’agit là d’une pratique typiquement française, les marchés nord-européens restant majoritairement adeptes de leur propre matériel.
Extrait de l’étude IFOP / FNHPA
Avec la baisse du pouvoir d’achat liée à la reprise de l’inflation et à la suite du covid, il était intéressant de questionner les Français sur la proximité de leur lieu de vacances. Il est tout à fait intéressant de constater que pour 57% c’est secondaire et seulement fondamental pour 12% des personnes d’être proche de son domicile.